Je viens de passer une semaine auprès de ma famille pour la soutenir dans l’épreuve qu’elle traverse. J’ai moi aussi été très éprouvé par la mort brutale d’A. Cette disparition a provoqué chez moi des angoisses étranges, irrationnelles. Mon romantisme se confronte soudainement aux faits, aussi terribles qu’indiscutables. La journée d’hier s’est si bien déroulée. De retour en Belgique, je pensais avoir laissé le plus grande partie du fardeau derrière moi. Pourtant, lorsque le soleil a quitté nos régions pour aller luire ailleurs, à l’heure du repas, une simple carotte m’a replongé dans l’angoisse. Ce légume m’a rappelé la finitude de nos existences. Et la mienne, bien sûr. Le ridicule de la situation et les attentions de mon chéri ont dissipé ces pensées. Il faudra quand même que je consulte un spécialiste de la question. Un horticulteur ou un psy, j’hésite encore. Je m’en voudrais d’être définitivement fâché avec les tubercules bataves…