Pourquoi je ne voterai pas pour Ségolène Royal

L’élection présidentielle est non seulement l’élection d’un parti, d’un courant mais aussi celle d’un homme ou d’une femme, qui devra incarner le pays tout entier et le guider. Cette confusion des genres est malheureuse, car on peut être compétent et intelligent (comme François Hollande ou Lionel Jospin) et avoir le charisme d’une huître (euh… les mêmes). Le président doit donc être à la fois une personne de volonté, de charisme (choses toutes irrationnelles) et doit également posséder un projet cohérent et pragmatique : ce compromis est difficile. Ma critique de Ségolène Royal porte sur ces deux aspects.

Rentrons d’abord dans le domaine de l’irrationnel, du feeling, bref, du contestable. Mme Royal a pour moi deux défauts majeurs : sa condescendance de dame patronnesse et sa démagogie maternaliste. Son attitude compatissante à l’extrême, sa position d’écoute forcée m’énerve. D’abord, le chef de l’État n’a pas à s’occuper des chiens écrasés et du ramassage des poubelles. Ensuite, comment croire que de ces « débats participatifs » au niveau des pâquerettes vont naître les grandes directions et les choix stratégiques dont la France a besoin pour s’adapter à un monde qui pour l’instant marche plus vite que nous ? Je ne suis pas dupe. La démagogie dont je parle est celle d’une femme qui prétend incarner le renouveau. D’abord, parce que femme, Mme Royal serait ipso facto une meilleure candidate. C’est le comble du ridicule ! Après la misogynie, la gynocratie ? Ensuite Mme Royal est la plus technocratique des trois candidats « sérieux ». Elle a fait toute sa carrière dans les cabinets ministériels et les fauteuils d’élu. François Bayrou est enseignant et agriculteur, Nicolas Sarkozy est avocat. Qui donc incarne le plus cette vieille technocratie française ? Mme Royal, formée par l’ENA et l’aile protectrice de Mitterrand, bien sûr…

Mais trêve de bavardage, tout cela est subjectif, contestable et enfin une question de goût. Passons au programme. D’abord, l’économie française a beaucoup de lacunes et de boulets aux pieds, mais elle ne se porte pas si mal que ça. De nombreuses entreprises sont des leaders mondiaux dans leur secteur, la main d’oeuvre est très qualifiée et recherchée… le problème, c’est qu’elle file à l’étranger ! Pour les faire revenir et donner aux entreprises l’envie d’embaucher, il faut baisser les charges qui pèsent sur le travail. Ce que les entreprises veulent par dessus tout, c’est qu’on leur foute la paix. Une fiscalité simple, claire, égalitaire. Une entreprise préfère payer beaucoup d’impôts mais en étant sûr de ce qu’elle paye et pourquoi, plutôt que de jouer au chat et à la souris avec le fisc ou de partir à la pêche aux subventions. Les niches fiscales, contrats aidés, aides locales, etc. créent un maquis impénétrable qui profite seulement aux mieux informés, ou à ceux qui connaissent les bonnes personnes. L’égalité devant l’impôt est pourtant un principe constitutionnel ! Tout cet argent pris aux entreprises pour être rendu à certaines seulement, c’est inefficace et inégalitaire. Le plus grave, c’est que la machine s’est emballée : on arrive à plusieurs dizaines de milliards d’euros. Au lieu d’en rajouter une couche, il faut reprendre cet argent, supprimer toutes les niches fiscales et instaurer un impôt unique simple à collecter. A contrario, et nous nous rejoignons Mme royal et moi sur ce point, je suis assez favorable à une hausse des impôts sur le patrimoine financier. La France est certes très endettée, mais nous sommes bien protégés grâce à l’Euro (merci, l’Europe, on ne le dit pas assez souvent). Et puis ces actions de grandes entreprises françaises, entreprises qui ont souvent grandi à l’ombre d’un État protecteur, il est assez normal qu’elles servent l’effort national en retour.

Concernant la sécurité et l’immigration, des thèmes que je considère mineurs et bassement utilitaires, je ne penche certainement pas pour une position dure à la Sarkozy. Mme Royal ne fait pas beaucoup mieux dans ce domaine. Elle a même dit beaucoup de connitudes. Enfin, il y a deux domaines où tous les candidats ont été fort médiocres : l’Europe et la recherche. Dans ces deux domaines, c’est Waterloo. La recherche, c’est ce qui maintient la compétitivité, c’est les emplois de demain. Tout le monde le sait. Les universités françaises restent totalement inadaptées aux défis mondiaux. Les chercheurs français sont pratiquement inaudibles, et ont partout la réputation d’être autistes. La compétition dans la recherche mondiale n’est pourtant pas si complexe à comprendre, elle se mesure en kilomètres d’articles publiés dans les revues et conférences. À force de rester entre eux, les chercheurs français sont souvent au bord de l’obsolescence. Il y a bien sûr des pôles d’excellence incontestables, mais aussi que de gras, que de gras… En Europe, heureusement, nos amis nous regardent d’un œil amusé et compatissant. On est proche cousin, ils connaissent nos défauts. Il n’empêche que cette campagne n’est pas faite pour les rassurer. Quel projet européen nous est proposé. Le désert… Il nous reste le vague espoir d’un mini-traité, adopté par le Parlement. Sur ce terrain, c’est le service minimum. Même Bayrou, qui est pourtant sincère quand il parle d’Europe, a abordé le sujet mezzo voce. Le prochain Robert Schuman n’est pas parmi les candidats.

Sur tout ça, la personne comme le programme, je ne m’y retrouve pas dans la candidature Royal. Je passe mon tour, cette fois ci. Le Pen, Sarkozy ou Bayrou peuvent bien prendre le pouvoir par la force, je m’en fous.

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