L’inculpation du directeur du FMI – Dominique Strauss-Kahn – ne vous aura sans doute pas échappé. Si comme moi vous succombez de temps en temps au flux hypnotique des informations en direct de New-York, vous en savez même beaucoup trop. Tout et son contraire a été dit. La quantité d’informations factuelles déversée par les médias est inversement proportionnelle à ce qu’on sait vraiment de cette triste affaire. Si j’ai bien une opinion sur ce qui a pu se passer dans la suite 2806 du Sofitel, je me garderai bien de donner une quelconque conviction, de peur précisément d’être démenti par les faits.
Si la couverture médiatique de cette affaire est à peine supportable, il est un phénomène, en revanche, qui épuise rapidement ma patience. En effet, pour défendre l’honneur d’un homme, certains – alors qu’on ne leur demande rien – ont fait le choix de salir l’honneur d’une femme. Certains mettent en doute la probité de la victime présumée. D’aucuns évoquent à mot couvert sa beauté, trop grande pour être honnête. D’autres encore insinuent que finalement, elle l’a un peu cherché.
Parmi les éditorialistes et plumitifs dont la presse française traditionnelle regorge, qui sont tous bien sûr blanc, mâle et hétérosexuel, la perversité (à moins que ce ne soit une maladie mentale) est à son comble. Pour défendre son ami (bien qu’il soit ami avec tout le monde), Bernard Henri-Lévy par exemple émet des doutes lourds de reproches sur la compétence et les intentions de la supposée victime. Mais la plus belle phrase cette semaine, la plus idiote, la plus crassement bête, c’est Jean-François Kahn qui l’a prononcée. Avec une légèreté scandaleuse, après un ricanement, il a qualifié l’affaire de « troussage de domestique ». Circonstance atténuante, il s’en est excusé par après.
J’ai cherché s’il existait un prix parodique remis au phallocrate le plus décomplexé, au machiste le plus vulgaire, au misogyne le plus fat. Malheureusement, je n’ai pas trouvé qu’une telle cérémonie ironique ait jamais été célébrée. À l’instar du célèbre blogueur Maitre Eolas et son prix Busiris, il est donc temps de définir un nouveau prix décerné aux phallocrates les plus doués. Il y a, tout comme le Busiris, deux conditions. Pour être récompensé, le récipiendaire doit tenir un propos public (par écrit ou parole) exhibant la plus profonde bêtise phallocrate, c’est-à-dire validant la domination des femmes par les hommes, mais il doit le faire au premier degré sans aucune intention humoristique et de préférence sans s’en apercevoir. C’est là le but du prix : rappeler à l’impétrant qu’il n’a aucun mérite ni aucune dignité particulière à posséder un pénis et que l’appendice sus-nommé ne lui donne pas le droit de traiter les femmes comme des enfants ou des meubles.
Il reste à donner un nom à ce prix. Je pensais à Priape, cette divinité mineure, grotesque et dotée d’un énorme sexe. La mythologie grecque lui prête une haine féroce des ânes. Il a donc le profil. Pour son troussage de domestique, J.-F. Kahn est le premier Priape couronné.
Retrouvez la chronique hebdomadaire de mes grands combats sur le podcast « On a toujours raison » !
Pas mal, le prix !
Et faut avouer que pour l’instant, ils se battent tous pour l’avoir, c’est beau à voir ! *essuie une larme*
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Le prix est déjà un must. Le comité Priape est vraiment très fier.
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Mais vite sculptons une récompense et à l’instar des Pans d’or disparus remettons les réellement lors d’une belle cérémonie médiatique….
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Excellente idée! D’autant que Priape servait aussi à repousser les mauvais esprits – malfaiteurs, gêneurs, imbéciles etc. Il aura du pain sur la planche.
Le problème, c’est qu’au vu des attributs phalliques de Priape, certains vieux boucs pourraient être fiers de recevoir le prix. On n’est jamais à l’abri d’une erreur d’interprétation…
Cordialement,
LGB
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Merci pour votre article et l’expression « un nouveau prix décerné aux phallocrates les plus doués. » !
Plasticienne engagée, j’ai réalisé une oeuvre intitulée « Phallocratie » sur le sujet de la domination sociale, culturelle et symbolique exercée par les hommes sur les femmes.
Quand l’art permet de parler toutefois avec humour de cette prégnance virile !
A découvrir :https://1011-art.blogspot.fr/p/phallocratie.html
Mais aussi une oeuvre plus pudique intitulée « Noli me tangere » sur l’inviolabilité du corps de la femme : https://1011-art.blogspot.fr/p/noli-me-tangere.html
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