Au commencement était le Verbe

« Jusqu’à présent, le Front national new look de Mme Le Pen n’exerce à peu près aucun pouvoir réel si ce n’est sur les imaginations. L’excitation médiatique qui l’entoure se nourrit essentiellement de sondages. Des sondages qui, eux, ne reflètent rien d’autre qu’une opinion fictive construite par les questions qui sont posées à ceux qui veulent bien y répondre. »

La fascination Marine Le Pen, par Jérôme Anciberro

Et parler du mirage Le Pen revient paradoxalement à le faire exister.

BitCoin : la crise financière des geeks

Vous n’avez sans doute pas entendu parler de la crise financière qui s’est déroulée ce weekend. Elle n’a touché ni Londres, ni New-York, ni Francfort, ni Paris. Elle s’est déroulée sur internet, sur le site MtGox. La spécialité de ce site de trading, ce sont les BitCoins, une monnaie virtuelle. Que s’est-il passé exactement ? Et c’est quoi, les BitCoins ? Nous allons essayer de résumer.

Le principe de la monnaie

La théorie économique explique très bien que la valeur d’une monnaie est essentiellement basée sur la confiance. Pour chaque bien ou service acheté, le vendeur accepte en contre partie une écriture sans valeur réelle. Cette écriture peut être une ligne sur votre compte en banque, un morceau de papier, voire un petit morceau de métal. Le vendeur comme l’acheteur conviennent que cette écriture représente la valeur du bien ou service échangé et que cette écriture pourra être à son tour transférée à un tiers. Finalement, ce n’est pas le support qui fait la monnaie. Les euros que vous avez en poche sont tout aussi virtuels que les emails. C’est même presque aussi simple de créer de l’argent que d’écrire un email : quand votre banque vous prête de l’argent, elle crée en fait de la monnaie. Et elle vous fait confiance pour pouvoir la récupérer. Les crises récentes montrent que ce n’est malheureusement pas toujours le cas.

BitCoins, une monnaie virtuelle pas comme les autres

Les BitCoins sont une monnaie virtuelle décentralisée basée sur la cryptographie. Toutes les transactions sont publiques et partagées entre tous les utilisateurs de la monnaie, si bien qu’on sait toujours quel argent a été dépensé par qui, ce qui permet de s’assurer que la monnaie n’est jamais dépensée deux fois (toutes les écritures sont signées). La confiance est basée sur la solidité des mécanismes cryptographiques mis en œuvre. En revanche, les utilisateurs peuvent être complètement anonymes. Tous les utilisateurs de la monnaie forment donc un réseau global décentralisé anonyme et la cohérence de l’ensemble est assurée par la difficulté à casser les protections. Ce rêve de geek et de libertarien est théoriquement très difficile à briser. D’ailleurs, il n’a toujours pas été compromis.

Pourquoi le krach ?

Pour avoir une quelconque utilité dans la « vie réelle », les BitCoins doivent être échangés avec d’autres monnaies. Pour échanger des BitCoins, les utilisateurs se réunissent sur une place de marché et s’échangent des BitCoins contre des dollars. C’est la spécialité du site MtGox. Dimanche 19 juin dans la soirée, l’un des comptes de MtGox qui possédait de nombreux BitCoins a été infiltré frauduleusement. Les pirates ont tenté de vendre en quelques minutes l’intégralité des réserves de ce compte et de les échanger contre des dollars. Devant l’afflux massif d’ordres de vente, les cours ont plongé de 17$ par BitCoin à quelques centimes. Sur l’image ci-dessous, la courbe indique le cours du BitCoin en dollars et le cercle indique les volumes échangés. Vous pouvez constater que les quantités ont été très importantes. C’est le krach.

MtGox BitCoin Krack

La sortie de crise et quelques leçons

Les transactions frauduleuses sont en cours d’annulation sur le site MtGox et le cours du BitCoin devrait revenir mardi matin au niveau précédent le krach. Les comptes piratés ont été désactivés et tout devrait rentrer dans l’ordre. Il y a pourtant quelques leçons à tirer. Tout d’abord, que la solidité d’un système est toujours égale à celle du maillon le plus faible. Si les BitCoins sont sécurisés par la cryptographie décentralisée, la place de marché MtGox était un site web comme les autres, centralisé et vulnérable à des attaques. Ensuite que l’ajout d’une dose de centralisation est parfois nécessaire, même dans un système libéral « parfait en théorie ». Qu’on soit plutôt favorable ou pas au centralisme, on tirera du krach des BitCoins un fructueux sujet de méditation. Enfin, qu’il faut éviter à tout prix de prendre des conseils financiers auprès des geeks rêveurs.

PS: mon compte BitCoin est le 1BMSzjHnVEmChZKq6DXbkymgdstpW42K76 😉

Genre et christianisme

Des associations catholiques se sont récemment émues qu’on puisse enseigner quelques éléments de théorie du genre à des lycéens. Il n’y a pourtant rien dans cette théorie qui contredise la pensée chrétienne, même si son objectif émancipateur est à l’évidence très progressiste. Je ne pensais pas qu’on pouvait aborder cette théorie sous l’angle religieux. Baroque et fatigué l’a fait. C’est brillant.

« [L]a théorie du genre permet de prendre conscience que tout ce que nous prenons pour des évidences est en fait le résultat d’un lent processus, auquel ceux qui nous ont précédé ont contribué. En tant que chrétien, la lecture que j’en fais est la suivante : nous ne serions pas ce que nous sommes, nous n’aimerions pas comme nous aimons si le Christ ne s’était pas incarné – et ceux qui ne sont pas chrétiens admettront volontiers qu’ils n’aimeraient pas comme ils aiment si un certain Jésus de Nazareth n’avait pas donné certains enseignements il y a deux mille ans. Nous ne serions pas ce que nous sommes, nous n’aimerions pas comme nous aimons s’il n’y avait pas eu Aristote, Augustin, Dante, Shakespeare et Stendhal. »

Questions de genre, par Baroque et fatigué

Frothy mixture

Rick Santorum vient de se déclarer candidat à l’investiture républicaine pour la prochaine élection présidentielle américaine en 2012. Pour avoir tenu des propos homophobes de la même nature que ceux de Brigitte Barèges récemment en France, Santorum a subi les moqueries fort méritées de Dan Savage en 2003. Celui-ci a créé un néologisme et monté une campagne web très efficace pour donner une autre signification au mot « santorum ». En l’occurrence, le santorum est « une émulsion de matière fécale et de lubrifiant parfois produite par la pratique du sexe anal ». Bon appétit si vous êtes à table.

Rick Santorum has publicly addressed the phenomenon in multiple interviews. In a February 16, 2011 interview, Santorum stated to Roll Call, « It’s one guy. You know who it is. The Internet allows for this type of vulgarity to circulate. It’s unfortunate that we have someone who obviously has some issues. But he has an opportunity to speak. » He stated to The Daily Caller in an April 28, 2011 interview, « I don’t see it as a problem at all. » He hoped the issue would « take care of itself over time », with increased media coverage of his political campaign as a candidate in the 2012 United States presidential election, adding, « And if it maintains, it will just show a rather disgusting side of politics, unfortunately. » The Pittsburgh Post-Gazette queried the former Senator about the issue in a May 12, 2011 interview, and Santorum responded, « It’s a free country and people can do and say what they want to say. »

Santorum (neologism), Wikipedia

Vous avez remarqué ? En quelques phrases, voilà illustrée une des différences fondamentales entre l’Europe continentale et les États-Unis. Pas d’appel à la censure, pas de discours sur l’internet et la civilisation. It is a free country indeed.