Œuvres pour orgue, par Olivier Latry

Je commence par le meilleur enregistrement que j’ai jamais entendu, tous styles confondus. Même si l’enregistrement des madrigaux de Monteverdi par Marco Longhini et son ensemble Delitiae Musicae est remarquable (disons qu’il est deuxième), je dois dire que les œuvres complètes pour orgue de Messiaen par O. Latry (sur l’orgue de Notre-Dame de Paris) est la plus grande claque discographique que j’ai entendu de ma vie.

Quand on réunit un des plus grands interprètes de Messiaen (surpassant le maître lui-même), un orgue extraordinaire, restauré à la perfection, et une prise de son impeccable (Deutsche Grammophon), l’œuvre de Messiaen est servie à la perfection. La complexité de son écriture harmonique se déploie sans entraves dans les nefs de la cathédrale capitale. Pas un son, aussi ténu, aussi caverneux, que cet orgue ne puisse produire. Du plus infime piano au tutti de fin du monde, tout est là, présent à l’écoute. Enregistré au scalpel, on ressent toutes les nuances, toutes les vibrations.

D’abord : l’instrument. Cet orgue est vraiment idéal pour interpréter Messiaen. Certes, ce n’est pas l’orgue du maître. Mais que de qualités, que de souplesse, de puissance ! L’instrument, après une longue restauration, est redevenu un des plus beaux orgues du monde. Et l’écrin, malgré ces défauts acoustiques, est adapté au propos.

Car la production d’un tel enregistrement est affaire de spécialiste. Enregistrer dans une cathédrale aussi grande n’est pas un sport de masse. Avec plusieurs secondes de rémanence, il est assez facile d’enregistrer de la bouillie. Les producteurs ont su trouver l’équilibre parfait entre le son direct et la réverbération. On se croirait à Paris. Le parisien que je fus s’y retrouve…

L’interprète, enfin. Quel génie ! Quelle inspiration mystique ! On dit souvent que chanter, c’est prier deux fois. Alors Olivier Latry doit prier pour mille. La conviction, la foi profonde, la sincérité avec laquelle il interprète ces œuvres me met à chaque fois les larmes aux yeux. Et cette vérité de l’œuvre est servie par une technique irréprochable. Il connaît « son » orgue comme sa poche. Il en tire une palette presque infinie. Si l’orgue est le roi des instruments, Latry est le prince des interprètes, son plus fidèle sénéchal.

Nous détaillerons les œuvres enregistrées sur ce disque dans un prochain billet. Accrochez-vous, car on y retrouve tous les thèmes de Messiaen : une foi pleine de mysticisme, la naissance et la résurrection, la joie terrifiée de l’Homme face à Dieu, le mystère insondable de Sa Vérité.

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