Pour une application stricte des lois de la physique

Les lois de la physique sont inévitables. Quoi que vous fassiez, elles finissent toujours par se rappeler à votre souvenir. François Reichelt en apporta une preuve éclatante et définitive en 1912, en testant un costume parachute de son invention du premier étage de la tour Eiffel. La pelouse du Champ de Mars s’étant bien remise de sa rencontre avec M. Reichelt, n’en a gardé aucun souvenir. Heureusement, cet exploit fut filmé pour la postérité. De la même manière, nous pouvons facilement constater qu’il est difficile de remplir un récipient déjà plein, sauf à augmenter considérablement la pression que le contenant exerce sur ses parois. D’ailleurs, notre espèce, s’adaptant à son environnement, a développé toute une série de techniques pour utiliser, contrôler ou se protéger des forces de la nature. Parmi ces avancées, il y a par exemple le train, qui nous permet de nous déplacer bien au-delà de nos limites physiologiques.

François Reichelt

Ces expériences de physique, nous les répétons tous les jours, au point qu’on les considère souvent comme des évidences. Un enfant, lorsqu’il a chu une fois, finira par comprendre qu’on ne défie pas impunément la gravitation. Un amateur de vin comprend bien qu’il est difficile de faire rentrer un bouchon dans une bouteille pleine à ras bord.

Pourtant, il y des gens qui, avec constance, oublieux des leçons depuis longtemps apprises, repoussent les limites de la connaissance humaine et font fi du danger. N’écoutant que leur courage, sans souci pour leur intégrité physique et celle des autres, tels des Reichelt du 21e siècle, ils bravent les règles d’airain du monde physique, trop à l’étroit sans doute dans les frontières où nous autres humains habitons.

Je veux saluer ici avec toute ma considération les gens qui se mettent devant la porte du train et t’empêchent de descendre. En effet, s’il est évident pour les gens comme vous et moi irrémédiablement limités par le bon sens, l’éducation et un minimum de patience, qu’il est impossible de remplir de nouveaux voyageurs une voiture qui n’a pas été préalablement vidée de son contenu de voyageurs arrivés à destination, ces pionniers, eux, entendent prouver qu’il est parfaitement possible de marcher sur la gueule de leurs contemporains pour monter d’abord dans le-dit train.

Sans égard pour l’évidence première, sans doute trompeuse, qui voudrait qu’il faille en premier lieu laisser descendre ceux qui, déjà debout, s’apprêtent à vaquer à leurs occupations à l’arrivée du train, ces héros modernes manifestent leur scepticisme et leur curiosité toute scientifique en démontrant le théorème inverse.

On saluera leur génie à l’aune des résultats obtenus. C’est-à-dire rien. On leur souhaite donc une carrière aussi brillante qu’un tailleur qui se croyait parachutiste.

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Information overload

Il ne vous est jamais arrivé de penser subitement, sans raison, à une question saugrenue et sans aucun rapport avec votre état d’esprit du moment ? Le genre de pensée totalement étrangère et qui pourtant vous obsède ? Ha bon, jamais ? Vraiment ? Moi, ça m’arrive tout le temps.

Mettez vous un peu à ma place, alors… Je me baladais, je rentrais à la maison après le boulot, et tout à coup, une question surgit dans mon esprit. Cette question, qui venait de nulle part et qui ne m’a plus quitté, était la suivante : mais en quel métal sont faits les caténaires? Vous savez, les caténaires sont ces cables qu’on pend au dessus des voies de chemin de fer pour alimenter les trains.

Je vous assure que je n’ai strictement rien à foutre des caténaires, des trains et de tout ça. Mais alors, rien du tout ! Je ne suis pas un expert du transport ferroviaire et, à vrai dire, la métallurgie n’est pas mon domaine non plus. Pour être totalement honnête, je peux même vous avouer que les techniques de transport du courant électrique m’intéressent autant que l’élevage des huîtres. C’est-à-dire pas du tout. Je pense que vous partagez assez bien ce sentiment.

Et pourtant, je suis un utilisateur régulier des transports collectifs. Je suis même l’heureux propriétaire d’un pass qui me donne le droit d’être en retard et d’attendre sur un quai, comme tous les autres salariés de mon espèce. Vous voyez, je ne suis pas hostile. On pourrait difficilement me qualifier d’ennemi du chemin de fer. Et pourtant, au fond de moi, en plein accord avec mes aspirations profondes, je dois bien admettre que je m’en fous. J’imagine que jusque là, vous aussi.

Il n’empêche que cette question m’a frappé. J’étais confronté à mon ignorance la plus crasse. Pas moyen de connaître la réponse à cette question fondamentale, cruciale et pourtant nimbée de mystère. J’ai vainement tenté de rationnaliser. J’ai mobilisé mes connaissances parcellaires sur le sujet. On ne peut pas les faire en cuivre ! C’est trop mou le cuivre. En acier, peut-être ? Ou en aluminium ? Je me demande si vous aussi, confrontés à cette question, vous auriez eu les mêmes réponses. J’ai de gros doutes.

Je ne vous cache pas que, comme pour toutes les questions sans intérêt de ce genre, je suis allé voir wikipedia. Et là, stupéfait, j’ai découvert que les caténaires étaient fabriquées avec un peu tout ça. Les cables de support sont la plupart du temps en acier ou en bronze. Les cables conducteurs sont en cuivre au cadmium. Oui oui, au cadmium. Ah, vous faites moins les malins, maintenant ?

Je concède que c’est beaucoup plus d’information que je ne souhaitais. J’imagine que c’est pareil pour vous. Trop de wikipedia nuit à la connaissance. On a trop d’informations d’un coup et là, on frôle carrément l’indigestion. Vous saviez que dans certaines régions montagneuses d’Europe, on utilise du 15 kV alternatif monophasé à 16 2/3 Hz ?

Bienvenue dans mon monde…

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Photo CC-BY-SA par Cyril Bras (attention aux yeux). Modifiée (un peu).