2012, la fin du temps ?

Depuis le début de la civilisation humaine, la mesure du temps a toujours été liée à l’astronomie. C’est grâce au mouvement du soleil, de la lune, des planètes et des étoiles lointaines dans le ciel que furent déterminées la position des solstices dans l’année, la durée du jour et de la nuit, la subdivision de la journée en heures puis en secondes. Le calendrier maya est astronomique, le nôtre aussi. Jusqu’au XXe siècle, l’augmentation de la précision de la mesure du temps est allée de conserve avec les progrès de l’astronomie. Il se pourrait bien que cette définition astronomique du temps disparaisse en 2012.

Il existe pour l’instant trois définitions normalisées du temps : 1) le Temps atomique qui est extrêmement stable et précis mais complètement décorrélé de la rotation de la Terre ; 2) le Temps universel, astronomique mais fort variable ; enfin 3) le temps UTC qui est basé sur le temps atomique mais décalé de 34 secondes pour approcher le Temps universel. UTC est la référence internationale du temps civil. C’est le temps « de tous les jours ».

L’Union internationale des télécommunications (UIT) qui définit le Temps universel coordonné (UTC) songe à ne plus mettre à jour ces secondes intercalaires et à laisser UTC dériver lentement par rapport au mouvement de notre planète. L’UIT convie d’ailleurs les scientifiques et les ingénieurs intéressés par ce sujet à un colloque pour préparer cette décision, qui ne sera prise qu’en janvier 2012 pour une application en 2017.

Cette décision aura des conséquences importantes puisque le temps UTC ne pourra plus être utilisé pour déterminer la position de la Terre dans l’espace. Si l’heure d’ouverture des magasins ne requiert pas une connaissance précise du ciel, de nombreuses applications techniques et scientifiques seront concernées. Mais plus symboliquement, 2012 sera peut-être la fin du temps que nous connaissons.

Anders Behring Breivik ? À qui est ce fou ?

Vendredi en fin d’après-midi, Anders Behring Breivik a fait exploser une bombe de forte puissance en plein cœur d’Oslo, sans doute pour faire diversion, puis a pris la direction de l’île d’Utøya où il a froidement abattu plusieurs dizaines de jeunes militants du parti travailliste, réunis pour l’université d’été de leur parti. Il y aurait plus de 90 morts. Pour préparer une opération où la froide méticulosité le dispute au déchainement de violence aveugle, Breivik avait pris soin de rédiger quelque mille cinq cents pages d’un manifeste dans lequel il détaille sa haine du multi-culturalisme, sa vision d’un ethno-différentialisme exacerbé fustigeant tour à tour les musulmans, les marxistes, la gauche, l’Europe.

Face à l’horreur insoutenable des faits, progressivement rapportés par la presse, la raison vacille à embrasser les tenants et aboutissants de cet incroyable événement. Tentant de surmonter l’hébétude, nous avons cherché à comprendre à la hâte, à mettre en forme, en récit l’absurdité. C’est avec intérêt et tristesse que j’ai observé, sur les réseaux comme ailleurs, le processus de distanciation que tout un chacun met en œuvre pour supporter l’insupportable. C’est ainsi que les conservateurs ont fait le portrait d’un fou solitaire et délirant. C’est ainsi que les progressistes le dépeignent comme un réactionnaire fanatique des armes et de suprématie raciale.

Ce que certains semblent ignorer, c’est la part terrible d’humanité qu’il y a chez Breivik. Il est peut-être fou, psychopathe, incapable de la moindre empathie. Nous commettrions l’erreur de succomber au même mal. Breivik n’est pas uniquement le produit d’un camp contre un autre. il n’est pas seulement le fruit d’un récit fantasmatique et cohérent de haine de l’autre. Nous le sommes tous un peu. Que nous ayons tous pensé à un attentat islamiste et que les faits, arrivant progressivement, nous aient révélé une toute autre motivation n’enlève rien au danger de ces discours radicaux, surtout quand de temps en temps ils produisent des actes aux conséquences funestes. Entre deux réjections radicales, il ne peut y avoir de choix. Nous sommes tous embarqués dans la même dialectique mortifère, moi y compris. C’est celle qu’il convient de briser : je suis Breivik, un peu. Je suis norvégien, beaucoup.

[Slate.be] L'expérience belge

Le magazine Slate a tenu à célébrer la fête nationale belge et les quelque 400 jours sans gouvernement en laissant la parole à des Belges ou assimilés. Dont moi.

Mais alors, qu’est-ce donc qu’un pays sans gouvernement ? Un miracle d’auto-gestion baba-cool? Un paradis libertarien? La Belgique est loin d’être un paradis et l’absence de décisions politiques a parfois des conséquences importantes à long terme. C’est le cas par exemple de la politique scientifique belge. Nous allons voir qu’elle illustre très bien les défis et les risques de la crise actuelle… [La suite est à lire sur Slate]

Sciences: la mauvaise expérience belge

Google supprime la presse quotidienne belge

« Ça y est, Google ne vole plus les contenus durement écrits par la presse belge. Alors, @lesoir et @lalibrebe, heureux ? » Ce sont par ces mots et non sans sarcasme que Yann a salué la nouvelle. Suite aux victoires judiciaires de Copiepresse ((Pour un résumé de l’affaire Copiepresse vs. Google, vous pouvez consulter cet article de DataNews. [via @GregIenco])), la société de gestion des droits des éditeurs de presse quotidienne belge francophone, contre Google, ce dernier a décidé de contre-attaquer.

Bye bye, les quotidiens belges. Disparus des résultats de recherche. Par exemple :

La Libre Belgique [Sur Google]

• Le Soir [Sur Google]

Cette décision est-elle surprenante ? Mateusz (journaliste lui aussi) l’avait pourtant prédit. Ce n’était qu’une hypothèse mais elle pouvait bien arriver. Gagné ! Sauf pour la presse quotidienne belge francophone. Perdu ! Les concurrents de la télévision vont, eux, passer un excellent weekend.

P.S. : Comme Yann est génial, il a développé son avis sur son blog. Je vous encourage à le lire.

Le dégagisme, un concept belge

« C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que l’avant-garde, consciente d’elle-même, est assez critique et relativiste pour savoir qu’il y en aura une autre après. Tous les grands mouvements, dans l’histoire de la pensée, ont eu le sentiment d’être les derniers, d’avoir tout dit. Nous avons cette extrême sagesse de dire qu’en 2011 ça sera le dégagisme, mais peut-être qu’en 2025 il y aura un autre truc. C’est très important. Nous en sommes très fiers.

C’est l’idée de génie, parce que ça pense l’action politique d’une manière totalement différente. On ne doit plus s’emmerder à dire en quoi on a quelque chose de mieux. Maintenant c’est clair, le ras-le-bol est un concept politique. Le « dégage » a ses lettres de noblesse. Ça change tout. C’est beaucoup plus cool. Avant il fallait faire tout un programme. Aujourd’hui plus du tout : tu peux t’improviser dégagiste du jour au lendemain. »

Le dégagisme se manifeste, par Damien Spleeters (chez OWNI)

Pour en savoir plus sur le dégagisme, concept sérieusement drôle, punk et belge, je vous conseille d’aller lire le préambule du manifeste [pdf].