La plagiat consiste à reprendre un texte ou une partie de celui-ci sans indiquer qu’il s’agit d’une citation et sans en donner la source. Cela revient à s’approprier un texte dont on est pas l’auteur ou un texte déjà publié. Dans ma pratique professionnelle, c’est un péché mortel qui peut valoir à son auteur des sanctions très graves. Les scientifiques considèrent même l’auto-plagiat (réutiliser un de ses propres textes déjà publié) comme du plagiat pur et simple. Le lecteur attentif notera qu’il n’y a pas d’élément intentionnel au plagiat. Il est possible de commettre un plagiat de bonne foi, par méconnaissance ou négligence. La faute n’en reste pas moins grave.
Dans le milieu journalistique, et encore plus sur le web, les exigences sont moindres et il arrive à tous les journalistes de réutiliser approximativement des informations lues ailleurs. Quel journaliste n’a pas déjà oublié de citer le confrère ou l’agence à l’origine d’une info ? Après tout, l’information est libre et circule. Celui qui sort le scoop a gagné.
Le #bipgate (© @_emich)
Il arrive pourtant que certains se fassent pincer. Twitter étant envahi de journalistes, je vois fuser de temps en temps un message acide sur un confrère ayant fauté. C’est arrivé à Belgium iPhone (bip) à propos de la nouvelle fonctionnalité Places de Facebook. Damien Van Achter était tout fier d’expliquer comment utiliser cette nouveauté alors qu’elle n’est activée qu’aux États-Unis. Il laisse à l’intention de ses lecteurs un code de réduction personnalisé. Ce code s’est retrouvé dans un article de bip sur le même sujet… deux jours plus tard.
Damien, rigolard, s’est immédiatement félicité que les lecteurs de bip (Le Soir, groupe Rossel) financent les collaborateurs de la RTBF. C’est d’autant plus drôle que la presse écrite francophone mène une guerre féroce contre le site web d’information de la télévision publique, sous prétexte de concurrence déloyale.
Amateurisme, 1er niveau
Le rédacteur de bip reconnait rapidement que ce code de réduction est bien copié du blog de Damien… mais n’y voit rien de mal. Grossière erreur. Les conversations oscillent souvent entre deux positions binaires. Quand quelqu’un vous fait un reproche, il convient toujours d’exagérer la gravité du problème. Avec un peu de chance, votre adversaire finira même par vous trouver des excuses. Si vous le minimisez, vous êtes certain d’empirer rapidement la situation et votre interlocuteur ne manquera pas d’exagérer.
Le rédacteur précise que ce code a été fourni par un contributeur de leur forum, que c’est un hasard, tout au plus. Je n’ai aucune raison de douter de cette affirmation. Il n’empêche que ça reste du plagiat, même involontaire.
Amateurisme, 2e niveau
La question que le rédacteur évite soigneusement, en revanche, c’est qu’une info brute récupérée sur un forum doit être vérifiée. Personne ne s’est visiblement posé la question de savoir d’où venait ce code, à qui il avait été éventuellement délivré et pourquoi. Je sais bien que les journalistes ou assimilés ne citent pas toujours leurs sources. Mais ils pourraient au moins vérifier l’info.
Et toi, ça t’est jamais arrivé [connard] ???
Ce genre de réaction m’est arrivé, à une plus petite échelle, il y a quelques temps. J’avais laissé traîné un lien d’affiliation dans un article sans indiquer clairement que ce lien pouvait me rapporter quelque chose (en l’occurrence, rien) et un lecteur attentif et bien intentionné me l’a fait remarquer. Ma première réaction a été de me dire que j’avais le droit d’écrire ce que je veux sur mon blogue. La deuxième, heureusement très rapide, a été de reconnaître mon erreur et de modifier l’article. Vous voyez, ce n’est pas très difficile. Il suffit de faire attention et, quand malgré tout l’erreur survient, de rester reconnaissant envers les gens qui vous lisent. À défaut de rigueur, la contrition sincère suffit.