C’est le nom d’une œuvre de Messiaen qui signe là presque son entrée dans l’histoire musicale contemporaine (il a 24 ans) et la première piste du disque dont je parlais naguère. Cette pièce pyramidale (cathédrale ?) nous propose une progression harmonique sur un rythme simple, culminant au milieu par un accord impressionnant, citation du fameux poème symphonique « Also sprach Zarathustra » de Richard Strauss, inspiré de Nietzsche.
Cette progression m’évoque certes l’émergence de l’Église unique, sortant de la nuit des catacombes, baignant dans le sang des martyrs et luttant pour sa survie. Mais l’accord central, d’une terrifiante intensité, me fait plutôt penser à l’acte de foi convaincu d’un homme qui pense que l’Église est en fait la manifestation la plus éclatante de Dieu, c’est-à-dire que l’Homme est fait pour célébrer Dieu par son Église et réaliser ainsi Sa volonté. Cette idée s’oppose évidemment aux idéaux nietzschéens de surhomme, proclamant que Dieu est mort. La forme pyramidale, en revanche, est plutôt mystérieuse. Comme un écho du cri d’amour de l’Église se perdant dans l’éternité ? Symbole de la permanence de l’Église ? Vision d’architecture ?
Une œuvre énigmatique et très mystique, donc.