Indignez vous !

Belgique. Plus de 200 jours sans gouvernement. Au delà de ce dernier épisode de crise politique et institutionnelle, la guerre de tranchée qui se livre dans le champ politique depuis des années ne donne pas de signe d’essoufflement. Si l’on en juge par l’agacement croissant, elle a plutôt tendance à empirer. La logique nationaliste des uns bute sans cesse et de manière plus irrémédiable à chaque fois contre la volonté des autres de conserver un semblant d’unité. Il faut se rendre à l’évidence, ces deux époux ne s’aiment plus, s’ils se sont jamais aimés. Comme dans un long divorce, avec ses discussions sordides et ses coups de gueule, les enfants passent de la colère à l’abattement en espérant surtout que ça s’arrête.

L’analogie est bancale, je sais. Les citoyens belges ne sont pas des enfants. Le monde politique belge, avec ses arrangements hallucinants, ses discussions minables et sa logique de clan, travaille en circuit fermé. Paradoxe, dans un pays pourtant très démocratique, où le vote est proportionnel et obligatoire, où les élus sont souvent assez proches des électeurs. Les citoyens se sentent impuissants face à une hystérie politique collective attisée par des extrémistes minoritaires. Les Belges sont les plus braves ? Peut-être. César soulignait aussi l’incroyable indolence de ces Gaulois querelleurs. Ils ont rejoint  l’empire, comme les autres.

Pourtant, il y a comme une légère brise de révolte qui souffle, comme une insurrection qui vient. À la Belge, bien sûr. Dans le petit royaume fritier comme chez Astérix, la caricature du belge placide et bonhomme n’est jamais loin. On s’amuse du prochain record du monde. On regarde, goguenard, les grandes personnes se gonfler le cou et monter sur les ergots. On a la blague facile et on proteste mollement en campant sa tente virtuelle devant le palais du premier ministre.

Se pourrait-il que l’agacement des citoyens prenne un tour plus sérieux ? L’appel à la manifestation pour le 23 janvier pourrait recueillir plus que les rieurs et les oisifs. Réunis sous la pluie (l’une des rares choses encore partagée équitablement entre le nord et le sud du pays), il se pourrait que les marcheurs du 23 montrent un soudain esprit de responsabilité, qu’ils exigent enfin des actes, qu’ils prennent un peu leur destin en main. Une sorte de passage à l’âge adulte. Ô Belgique, ô mère chérie ? Tes enfants ont un truc à te dire.

8 Replies to “Indignez vous !”

  1. Si même un maudit français parle de la Belgique avec tant d’attachement, c’est qu’il doit encore y avoir quelque-chose à sauver ! Et c’est le cas des belges et français qui habitent là-bas que je connais. Allez la Belgique !!!! 😀

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  2. Gnnnn, chuis en train de rédiger mon billet suivant et j’ai eu la même idée que toi, pour César. C’est clairement la phrase qu’on rabâche à tous les collégiens belges quand ils commencent le latin (histoire de les convaincre que le latin, c’est bien ?).
    Bon, tant pis, je continue quand même mon billet, on sera plus nombreux à faire savoir que les Belges, c’était quand même qque chose, pendant la Guerre des Gaules !
    (même si, en fait, il parlait de la tribu, pas du pays formé en 1830 et que César disait qu’il les trouvait courageux pour justifier que ses armées à lui l’étaient encore plus, courageuses, vu qu’elles les avaient battu, les Belges ;-))

    Chuis épatée de voir que plusieurs amis français installés ici se mobilisent… Ce pays a donc une vraie raison d’être : il touche les gens qui choisissent d’y vivre au coeur…

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  3. Je pense que pour une fois, je vais participer à cette manifestation. Je pense que cela ne m’est plus arrivé depuis près de quinze ans. A l’époque, on manifestait contre la réforme Onkelinx, dans l’enseignement.

    Disons que je suis comme toi, cher Germain, un Belge par choix, qui est né ailleurs. Et que pour une fois, j’ai envie de montrer que j’aime être ici…

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  4. wat voor een belachelijke actie is dit nu eigenlijk? Wat wensen jullie hiermee te bereiken? wie vertegenwoordigen jullie? 30000 mensen die zo naief zijn om achter jullie slogans te lopen? Ik dacht dat we in een democratie leefden waar de verkiezingen beslissen over wie er wordt verkozen en onderhandelingen mag voeren. We willen toch niet de straat laten beslissen? Of wel soms?

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    1. Cher Koen,

      Vous avez un problème avec le fait que les gens s’expriment ? Vous croyez qu’il suffit de voter et de fermer sa gueule pendant cinq ans ? Ce n’est pas ma conception de la démocratie, en tout cas. La démocratie ne saurait se réduire à la victoire de la majorité.

      Concernant les négociations, elles sont enlisées à cause de positions irréconciliables. Même en Flandre, certains commencent à le réaliser. Même parmi les électeurs N-VA. Il serait temps d’innover ou de changer d’équipe.

      Je vous avoue qu’à titre personnel, il me semble plus opportun d’essayer des solutions nouvelles plutôt qu’aller aux urnes.

      Amicalement et en français,

      francbelge

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