Le cerveau humain a l’habitude d’inférer les causes à partir de l’observation des phénomènes qui l’entourent. Ce mécanisme s’est développé à partir des réflexes les plus simples et a fourni à notre espèce, au cours des âges, une sorte d’avantage compétitif parmi les êtres vivants. Du repérage des prédateurs à la création des outils et du langage, ces capacités d’inférence nous ont permis d’abord de nous hisser au sommet de la chaîne alimentaire. Puis l’humanité a développé tout un système abstrait d’explication du monde, allant de la religion jusqu’aux théories scientifiques modernes.
Toutefois, ce mécanisme a des faiblesses. La principale, la plus fondamentale, c’est celle de considérer les détails simples et triviaux comme des conséquences d’un système, pourtant élaboré par après. Nous avons donc tous une certaine propension à considérer les détails comme des symptômes et les systèmes ou les représentations comme des causes. Pourtant, les plus infimes détails sont parfois des causes premières.
Je vais donc aborder aujourd’hui un détail derrière lequel se cache une cause d’une cruciale importance : le cartable à roulettes.
À l’entrée en 6e (l’équivalent de la 1re secondaire), nous entrions tous, encore bien jeunes, dans la grande école. Une pleine liste de professeurs et beaucoup de livres chargeaient nos énormes cartables de cuir avec des sangles toutes simples. Nous n’avions pas l’air bien à l’aise, ainsi chargés, clopinant sous le poids du savoir ! Mais malgré tout, la connaissance valait bien une scoliose. Tout en évoquant ces souvenirs de vieux cons à l’heure du diner, on me fit remarquer que les plus jeunes aujourd’hui avaient la chance d’avoir, pour la plupart, des cartables à roulettes. Vous savez, les petits trolleys qu’on tire derrière soi, avec un manche télescopique. Ha ce qu’on avait du confort maintenant !
C’était sans doute la conséquence d’une politique de santé publique soucieuse du confort des élèves. On voulait maintenant faire apprendre aux plus jeunes dans le confort et la facilité, les préserver d’un fardeau trop grand.
Mais si nous renversions un instant cause et conséquence ? Et si finalement ce cartable qu’on tire au lieu de porter n’était pas la cause d’un mal plus grand ? Et si en permettant aux blondinets de s’alléger du poids de la science qu’on trouve dans les livres, on ne leur faisait pas insidieusement comprendre qu’il n’était plus la peine de se fatiguer pour apprendre.
Et si ce cartable n’était pas l’outil d’un système qui vise à produire des individus dociles et bêtes, prêts à devenir des gentils consommateurs ? Hein ? Abandonnez donc tous ces livres lourds et chiants. Profitez plutôt de notre dernière offre promotionnelle : un diplôme gratuit pour un acheté. Ce serait évidemment un grand complot, un peu improbable, non ?
Ce serait renverser cause et conséquence. Et ce serait un peu absurde.
[audio:http://dl.dropbox.com/u/337646/oatr77-germain.mp3%5DRetrouvez la chronique hebdomadaire de mes grands combats sur le podcast « On a toujours raison » !
J’ai pas dit « bouche » nondidja !
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Halte à la censure !
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Je n’avais plus le chat sous les yeux quand je t’ai cité, censure inconsciente 🙂
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Je te rassure, la plupart des écoles interdisent aujourd’hui les cartables à roulettes parce que, je cite, « cela crée des problèmes dans les escaliers ».
Donc, pour parer au problème des cartables, il faudrait installer des ascenseurs dans les écoles et, ça, la CF n’en a absolument pas les moyens. Résultat : on interdit les roulettes.
Ouf, des tonnes de têtes blondes seront sauvées de l’ignorance grâce au manque d’argent dans l’enseignement. Si c’est pas magnifique, ça…
(Ceci est aussi un peu absurde… ;-))
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Ça doit faire partie du complot… 😉
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