Jean Quatremer en parle sans détours. La région nord de la Belgique (autrement appelée « Flandre ») pratique de plus en plus une politique ségrégationniste vis-à-vis des gens qui n’ont pas le bon goût de parler flamand. Ils utilisent pour cela l’argument de la défense de la culture flamande. Mais le fondement idéologique est évidemment l’idée selon laquelle l’essence même d’une personne est réduite à une caractéristique particulière. Vous n’êtes plus un homme, dans sa complexité sociale et culturelle, mais vous n’êtes qu’un francophone et tout vous définit par ce vocable. Si vous remplacez francophone par noir, vous obtenez un argument raciste. Par exemple, l’actuel premier ministre belge a pu dire sans rougir que les francophones étaient incapables d’apprendre le flamand, pour la simple raison qu’ils sont francophones. Vous avez envie de vomir ? Moi aussi.
La chasse au francophone est donc ouverte partout, puisque le fait de parler le français est votre seule caractéristique et que vous mettez donc en péril par votre existence même la culture flamande. Peu importe que vous parliez cinq autres langues… Ou que vous soyez un européen, un peu contraint de vivre à proximité des institutions dans lesquelles vous travaillez. En flandre, on ne doit parler que flamand, c’est une question de vie ou de mort.
J’ai un collègue et ami lituanien. Il parle de nombreuses langues, mais ni le français, ni le flamand… Vous dire qu’il a été bien reçu à Namur serait un peu excessif. Certains fonctionnaires communaux au « service des étrangers » feraient bien d’apprendre au moins une deuxième langue. Mais enfin, on ne lui a pas fait de difficultés excessives. Cherchez l’erreur.
Remarquez que ces arguments essentialistes réducteurs sont institutionalisés en Belgique, au nord comme au sud. La notion de communauté linguistique s’impose à tout et à tous. La Belgique vit depuis plus de 25 ans dans l’apartheid, mais elle commence seulement à s’en rendre compte.
PS1: notez qu’apartheid est un mot afrikaans (donc d’origine néerlandaise) et d’origine française, quelle ironie…
PS2: il faudra que je fasse un billet sur l’attentat du 21 juillet du triste sire Leterme.
Non, Germain, le mot « francophone » érigé en substantif, ce n’est pas une création flamande, mais plutôt et surtout un terme créer par des gens en perte d’identité. Il s’agit de ceux qui ont honte de se dire Flamands, parce qu’ils ne parle plus leur langue, mais qui n’ont d’ailleurs rien de wallon en eux. Et ces gens-là habitent dans les grandes villes flamandes, qu’ils ont déflamandisées totalement ou partiellement.
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C'est marrant car j'ai un copain irlandais installé en Flandre qui bien qu'il ait dû suivre des cours de base de flamand, arrive très bien à vivre en parlant uniquement en anglais, et ce dans une petite commune.
Comme quoi les flamands ne sont peut-être pas tous à l'image du premier ministre, loin de là 😉
Ça n'est pas le cas de mon mari en tout cas (qui d'ailleurs est parfaitement bilingue).
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