Deux leçons de communication politique sur twitter

La campagne électorale bat son plein en Belgique. C’est une sorte de blitz médiatique et politique, provoqué par la chute inattendue du gouvernement. Toutes les initiatives de communication des hommes politiques sont donc suspectées de n’être que des coups.

Dans ce contexte, Christos Doulkeridis vient de lancer son blog. On pourrait hâtivement taxer l’initiative d’opportuniste, même si le projet est dans les cartons depuis plusieurs mois. Avec quelques autres twittos, j’ai été invité jeudi dernier à discuter avec lui au sujet de sa communication sur le web et les réseaux sociaux. La discussion fut très intéressante pour plusieurs raisons. D’abord car les personnes présentes n’étaient pas là pour lui cirer les pompes. Ensuite car Doulkeridis est un type intelligent et qu’il est très intéressé par la communication chez Ecolo, le parti écologiste belge francophone.

Exemples de discussion sur twitter

Durant la conversation, on se remémorait en particulier un petit clash arrivé sur twitter un dimanche soir (ci-dessous). On voit que Doulkeridis réagit vivement à un message un peu limite (et inutilement méchant). Vous pouvez constater que l’incompréhension une fois dissipée, tout le monde a appris quelque chose sans perdre ni la face, ni son sang-froid.

Discussion avec Christos Doulkeridis

Un exemple complètement différent avec Rudy Demotte, ministre-président de la Région wallonne (3,5 millions d’habitants, quand même). J’ai plutôt de l’estime pour les qualités intellectuelles et morales de Rudy Demotte mais je dois avouer que son comportement sur twitter est assez mauvais, voire contre-productif.

Rudy Demotte se lâche sur twitter

On voit qu’une simple remarque, un peu sévère peut-être, déclenche une série de tweets particulièrement nulle de la part de l’ami Rudy. J’avoue que j’ai pris ensuite un malin plaisir à l’allumer avec mauvaise foi. Il fallait parler plus gentiment à Yann. 😉

Quelles leçons en tirer ?

La première et plus importante leçon, c’est qu’il convient pour un personnage public de garder son sang-froid. Qu’on soit sur twitter ou un plateau de télévision, il faut éviter de s’énerver car celui qui crie a toujours tort.

Deuxièmement, contrairement à la télévision, on peut choisir son adversaire, sa conversation et à qui on répond. Il vaut mieux passer les controverses stériles et participer aux conversations constructives.

Troisièmement, si on passe son temps sur les réseaux sociaux, on finit par établir une relation de confiance basée sur le contexte ou la personnalité des interlocuteurs. Si Doulkeridis avait lu au fur et à mesure les tweets de son interlocutrice, il aurait bien vu que c’était une petite pique humoristique (ou du moins inoffensive). Si Demotte avait pris la peine de lire un peu mieux son interlocuteur, il aurait sans doute remarquer que c’était un conseil de communication (qui venait d’un professionnel, d’ailleurs) plutôt qu’une attaque gratuite.

Quatrièmement, l’engagement sur twitter prend du temps. Je ne suis pas convaincu que ce medium soit pertinent pour un homme politique, surtout en campagne. Demotte reconnait lui-même qu’il est plus à l’aise sur Facebook. J’ai entendu la même remarque de Doulkeridis.

Finalement, sur twitter, « la Mecque des réseaux sociaux », comme sur les réseaux sociaux en général, les utilisateurs cherchent soit un vrai talent de plume, soit un minimum d’authenticité. Bombarder sa timeline de photos de campagne pour affirmer, une fois qu’on vous le fait remarquer, que vous n’êtes « pas un stratège obsédé par des calculs électoraux », c’est un peu prendre les gens pour des imbéciles. C’est donc rigoureusement à éviter.

EDIT : Sur la manière de sélectionner ses adversaires à la télévision, vous pouvez consulter le très bon billet de Paminaaah à ce sujet. Décidément, sur twitter, il n’est pas toujours simple de répondre aux questions…